Urgence climatique : 3 questions à Dominique Bourg, philosophe et écologiste

La Communauté Pays Basque accueille le spécialiste reconnu des questions environnementales, Dominique Bourg, pour une conférence inédite sur l’urgence climatique le 12 mars à la Cité des Arts de Bayonne. Le spécialiste interrogera les obstacles à une prise de conscience.

Mise à jour : 10 mars 2025

Pourquoi le déni persiste-t-il malgré des preuves accablantes des effets du réchauffement climatique ?

Le déni est celui d’une évidence, puisque l’on voit aujourd’hui les effets du dérèglement climatique partout, avec des catastrophes à répétition. S’il y a un trait constant de l’humanité, c’est qu’elle n’est pas rationnelle. On sait que l’on va au-devant de la catastrophe, pour autant, ce n’est pas la conduite la plus fondée que l’on adopte. 

Concernant le climat, ce qu’il conviendrait de faire n’est pas simplement de réduire nos émissions de carbone - ce que l’on ne fait même pas -, c’est beaucoup plus engageant. Si vous regardez le référentiel des limites planétaires, tout ce que l’on mène n’est pas du tout ce qu’il conviendrait de faire : on produit trop, on consomme trop, et pire que cela, c’est la manière dont on produit qui ne fonctionne pas, avec par exemple les nano et les microplastiques qui s’accumulent dans les milieux quitte à éroder la vie elle-même. 

Lors de la conférence, j’évoquerai les ressorts économiques de cette volonté à produire toujours plus de richesses, cet attachement effréné au consumérisme, ces raisons qui font que l’on ne bouge pas, car les révisions qu’il conviendrait de prendre pour combattre efficacement le réchauffement climatique, notamment, remettraient en cause trop d’intérêts… 

Comment peut-on relever rapidement le défi climatique ? N’existe-t-il pas de solution radicale ? 

Cette solution radicale pour rendre l’humanité raisonnable, nous ne l’avons pas trouvée... J’avais avancé l’idée de « quota de consommation » pour casser la dynamique des marchés qui encouragent une consommation toujours supérieure, mais elle serait largement contrée. J’insiste sur cette évidence : on ne passera à la vitesse supérieure que lorsque nous n’aurons plus le choix, ce qui n’est pas si lointain. 

Les actions positives prises au niveau local ne doivent-elles pas, plus que jamais, être encouragées ? 

Ce qui est important, c’est l’adaptation, et cela se fait localement. Tout ce que l’on peut faire pour détruire le moins de biodiversité sera fondamental pour notre avenir. Ainsi, tous les efforts entrepris au niveau des collectivités territoriales, des entreprises, parfois au plan individuel, sont primordiaux…

Les actions engagées comme ici en Pays Basque, pour soutenir l’agroécologie ou le report vers des transports moins impactants, est essentiel. D’autres initiatives existent : restituer des couloirs forestiers, développer des forêts en libre évolution… Il reste plein de mesures efficientes à reproduire, à inventer au sein de cette société qui ne veut malheureusement pas voir que le drame est en cours. 

Informations pratiques

La conférence sera suivie d’un échange avec le public et de dédicaces organisées avec la librairie La Rue en Pente. Le spécialiste signera son ouvrage « Dévastation, La question du mal aujourd’hui ». 

La conférence sera retransmise en direct sur la chaîne Youtube de la Communauté d’Agglomération Pays Basque.

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