J'améliore la gestion de l'eau sur mon élevage
Économiser l'eau, réduire l'utilisation de l'eau potable, améliorer la qualité de l’eau d'abreuvement et la performance de l’exploitation. De nombreuses raisons peuvent amener les agriculteurs à s’interroger sur la gestion de l’eau dans leur élevage. Nous vous proposons ici un tour d'horizon des solutions existantes et des dispositifs d'aides pour vous accompagner.
Mise à jour : 18 novembre 2024
La qualité de l'eau pour l'abreuvement
Il existe une norme pour l'Eau destinée à la consommation humaine (norme EDCH), mais il n'y a pas de norme qualité pour l'eau d'abreuvement en élevage.
Il existe cependant des recommandations sur la qualité de l'eau d'abreuvement afin de maintenir en bonne santé les animaux, et obtenir une production de qualité, notamment pour les élevages laitiers où la qualité de l'eau a un impact direct sur la qualité du lait et les produits laitiers transformés. En revanche, l'eau utilisée pour la traite et la transformation agroalimentaire doit respectée la norme EDCH, afin notamment d'éviter les contaminations avec des bactéries pathogènes.
Nature des polluants
- Biologique : contamination aux bactéries pathogènes. De nombreuses bactéries comme les Escherichia coli ou les Entérocoques fécaux peuvent êtres transmises par les déjections des animaux dans les cours d'eau. Attention également à la transmission de la Salmonelle lorsque vous récupérez de l'eau de pluie des toitures pour l'abreuvement, qui est transmise par les déjections d'oiseaux sur les toits ;
- Chimique minérale : métaux (lourds et non lourds), acides bases, produits de traitement de l'eau comme le chlore ;
- Chimie organique : Pesticides, hydrocarbures, solvants chlorés, produits pharmaceutiques, effluents d'élevages (nitrates, phosphates…) ;
- Température de l'eau : elle ne doit être ni trop chaude ni trop froide. Attention à la forte montée en température de l'eau des tuyaux noirs en polyéthylène (PE) en été dans les champs. Elle peut aller jusqu'à 70 degrés, et les vaches ne vont pas boire. Il est plus facile de s'en rendre compte en élevage laitier qu'en élevage allaitant, car le rendement diminue dès la traite qui suit la carence en eau.
Les conséquences de l'eau de mauvaise qualité
- Cellules, diarrhées, métrites, mammites, etc. : qualité bactériologique ;
- Troubles digestifs : excès minéraux et polluants (nitrates, pesticides) :
- Trouble de reproduction, hépatiques et rénaux : pH et TH (TH = dureté de l'eau, soit la quantité de calcium et de magnésium dissout dans l'eau).
- Chute de production : baisse de la consommation de l'eau (température, goût, odeur), déminéralisation.
La qualité de l'eau recherchée et les traitements possibles
Paramètres | Qualité recommandée | Remarques et systèmes de traitements possibles |
---|---|---|
Bactéries : E Coli, Entérocoques, bactéries coliformes totales, salmonelles, ect. | 0 UFC/100mL | Traitement UV Traitement chimique (chlore) Filtration par osmose inverse Maintien par ensemencement de bonnes bactéries dans l'eau pour prendre la place sur les mauvaises. Exemple : certains éleveurs diluent du kéfir dans les bacs d'abreuvements (5L pour 1000L d'eau). |
Ammonium | 0,1 mg/L | Filtration membrane + charbon actif Osmose inverse |
Nitrites | 0,5 mg/L | |
Nitrates | 50 mg/L | |
Fer total | 200 µg/L | Elimination par oxydo-réduction |
Manganèse | 50 µg/L | |
Carbone organique total | 2 mg/L | Filtration membrane + charbon actif Attention, s’il est supérieur à 2 mg/L, le chlore que l’on utilise pour traiter l’eau devient toxique. |
Conductivité | 200 µS/cm à 25°C | Permet de déduire la quantité de résidus secs (minéraux). Une analyse de résidus secs est plus cher que la conductivité, d’où la préférence de demander la conductivité et d'en déduire les résidus secs. 200 µS/cm. = 100 mg/L de minéraux L'eau doit drainer, et non apporter des minéraux. Il faut une eau ni trop faible ni trop chargée en minéraux. Dans la norme EDCH la conductivité peut être comprise entre 200 et 1100 µS/cm à 25°C, mais objectif autour de 200 µS/cm à 25°C. |
pH | entre 6,5 et 8,5 mg/L | Neutraliser ou acidifier l'eau |
Température | Entre 8 et 14°C |
Localisation et analyses des pollutions
Suite au constat d'un problème au sein de l'élevage pouvant provenir d'une eau de mauvaise qualité, il faut réaliser une première analyse à la source pour connaitre la valeur de son eau. Ensuite, si vous n'avez pas identifié de pollution à la source, c'est un principe d'entonnoir jusqu'à l'abreuvoir : analyse des conduits et des cuves de stockages.
Liste de laboratoires d'analyses d'eau
Voici une liste non exhaustive de laboratoires dans le Département 64 pouvant effectuer des analyses de votre eau. Il faut compter environ 10€ le critère, soit entre 150 et 200 euros pour une analyse complète des paramètres :
- Laboratoire des Pyrénées et des Landes (LPL) - Rue des Écoles 64 150 Lagor - Tél : 05.59.60.23.85
- Laboratoire Labhya - 137 Avenue de Jalday 64 500 SAINT JEAN DE LUZ - Tél : 05 59 08 00 10
- Rivages Pro Tech - 2 Allée Théodore Monod - ESPACE HANAMI - Izarbel 64 210 BIDART - Tél: 05 59 24 19 36
- SARL PBE (Pays Basque Environnement) - 168 rue Berge 64 990 Lahonce - Tél : 05.61.27.56.86
Il est préconisé de faire son prélèvement le matin de l'envoi au laboratoire.
Les besoins en eau pour l'abreuvement
Les consommations moyennes en litre par jour par types d'animaux :
Vaches | Génisses taries (+ 2 ans) | Génisses de moins de 2 ans | Veaux | Chèvres | Brebis | Chevrettes et agnelles | Truies | Porcs engraissement | Volailles | Chevaux | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Consommation moyenne L/jour | 40 à 100 | 30 à 60 | 20à 40 | 10 à 20 | 5 à 12 | 3 à 10 | 1,5 à 3 | 20 à 35 | 6 à 12 | 0,1 à 1 | 35 à 90 |
Les bonnes conditions pour l'abreuvement
- Un débit de 3 bar de pression. Une vache boit en moyenne 15 L/min et s'abreuve 7 à 12 fois par jour. Les petits ruminants boivent entre 1,5 et 2 L/min ;
- Une eau entre 8 et 15 °C ;
- Préférer les abreuvoirs avec immersion du museau, larges et hauts (pour éviter les excréments) et faciles à nettoyer ;
- Brosser au moins une fois par semaine les bacs. Attention au biofilm dans les canalisations ;
- Eviter les recoins et privilégier les abreuvoirs longs pour diminuer la concurrence ;
- Dans les bâtiments, prévoir un sol bien drainé au niveau des abreuvoirs,
- Dans les pâtures, mettre des abreuvoirs à l'ombre et proches des zones de repos des animaux. On estime que si les abreuvoirs sont à plus de 200 m, alors il faut que 20 % du lot puisse boire en même temps (adapter la grandeur de l’abreuvoir). Si les abreuvoirs sont à moins de 200 m, on estime qu’il ne faut que 10 % du lot qui puisse boire en même temps.
Réaliser un « diagnostic eau » de son exploitation
1. Quels usages pour quels types d'eau
- Abreuvement des animaux : il faut faire attention à la qualité de l'eau, et donc au système de récupération, de filtration et de stockage d'eau. Les eaux de ville, de source, de forage ou de cours d'eau seront souvent privilégiées à l'eau de pluie. Il vous faudra cependant protéger vos prélèvements (seller le forage, mettre en défens la source ou le cours d'eau), et analyser régulièrement la qualité de l'eau prélevée. Néanmoins, il est possible d'utiliser de l'eau de pluie pour l'abreuvement en respectant certaines conditions de traitement et de stockage, mais qui peuvent être onéreuses à l'installation (cuves enterrées, filtres UV etc.).
- Transformation agro-alimentaire et nettoyages sanitaires : il vous faudra utiliser obligatoirement de l'eau potable. Si vous n'êtes pas relié au réseau d'eau potable, vous pouvez utiliser l'eau d'une source sous condition d'avoir faire une demande d'autorisation préfectorale auprès de l'Agence Régionale de Santé (ARS).
- Nettoyage des machines ou des sols : vous n'avez pas besoin d'avoir une eau de qualité, les conditions de récupération et de stockage seront beaucoup moins contraignantes.
2. Bilan des besoins et ressources disponibles sur l'exploitation
- Évaluer ses besoins en eau en m3 par an : abreuvement, nettoyage, lavage, pulvérisateur, etc. ;
- Analyser les ressources disponibles sur l'exploitation et les quantités prélevées : sources, puits, cours d'eau, forages, eau de ville, eau de pluie récupérées ;
- Si ressources existantes, analyser la qualité des eaux et sécuriser les ouvrages ;
- Déterminer le potentiel en surface de toiture pour la récupération d'eau de pluie.
Les différentes ressources en eau mobilisables
1. Le stockage et la récupération de l'eau de pluie
L’usage de l'eau de pluie en agriculture est validé pour :
- L'irrigation ;
- Réserve de défense incendie ;
- Lavage des sols et matériel non alimentaire ;
- Abreuvement des animaux, avec des précautions.
Prérequis à la récupération d'eau de pluie :
- Avoir des gouttières ;
- Proscrire les toits avec amiantes (surtout pour l'abreuvement) ;
- Se renseigner sur la pluviométrie locale (en moyenne 1 400 mm de pluie par an au Pays Basque). Des données pluviométriques de météo France sont également disponibles ici sur Zabal. Pour obtenir des données plus précises, n'hésitez pas à installer des pluviomètres sur votre exploitation ;
- Estimer le volume et le type de stockage selon le niveau d’autonomie et le type d'utilisation souhaités ;
- Déterminer le potentiel en surface de toiture pour la récupération de l’eau. 1 mm de de pluie = 1 litre /m2. Exemple de calcul pour une toiture de 500 m2: s'il pleut 1 400 mm par an = 1 400 litres / m2 / an stockés, soit 1,4 m3 d'eau par m2 de toiture par an stocké. Pour une toiture de 500 m2 = 700 m3 d'eau stockés par an ;
Les modes de stockage
- Citerne souple ;
- Fosse en géomembrane non couverte ;
- Citernes ;
- Cuves enterrées (plus coûteux qu'en surface).
Pour l'abreuvement, privilégier les cuves enterrées afin de limiter les variations de température et l’exposition à la lumière (risque d’altération de la qualité de l’eau). Le béton a l’intérêt de neutraliser l’acidité de l’eau de pluie et de tendre à sa reminéralisation. Les cuves en polyester renforcé, polyéthylène, verre, acier revêtu sont également possibles. Attention si vous avez une connexion avec l'eau potable, vous aurez besoin d'un disconnecteur.*
Pour le nettoyage, pas besoin d'avoir une eau de qualité. Il faut seulement prévoir un système de filtration pour les feuilles etc., qui doit être facilement accessible et nettoyable autour des chéneaux et descentes.
2. Pompage en forage
- De préférence pour l'abreuvement des animaux,
- Demande d’autorisation et déclaration obligatoire à la DDTM (formulaire à télécharger ci-dessous) ;
- Prévoir un forage d’essai pour connaître la profondeur et le débit. Si le débit instantané est insuffisant, vous aurez besoin de réaliser une réserve d'eau ;
- Protéger le forage afin d'éviter les contaminations extérieures : dalle d’environ 4 m2 entre terrain et tubage (au moins 5 cm) en pente, citerneau fermé et sécurisé, et installation d'une clôture autour du forage.
- Prévoir un abri pour la pompe et le filtre ;
- Installer un compteur d’eau : il est obligatoire de déclarer sa consommation annuelle ;
- Pensez à analyser la qualité de votre eau pour voir s'il ne faut pas installer un système de filtration ;
- Coût moyen : 200 à 250€ par mètre linéaire.
- Formulaire déclaration forage et puitsPDF - 8 pages - 223,37 Ko
- Notice forage et puitsPDF - 2 pages - 458,92 Ko
3. Pompage en cours d'eau
En ce qui concerne la règlementation :
- Si le prélèvement est inférieur à 1000 m3, il n'est pas soumis à une demande d'autorisation. Cependant, pour sécuriser le prélèvement en cas de contrôle, vous pouvez déclarer votre pompage en envoyant un email à la DDTM : ddtm-eaupyrenees-atlantiques.gouvfr en déclarant :
- Nom du cours d’eau, avec si possible emplacement du prélèvement sur une carte ;
- Nombre d'animaux à abreuver ;
- Volume que vous pensez prélever par an et période de l’année (de mai à septembre par exemple).
- Si le prélèvement supérieur à 1000 m3, cas rare pour un élevage, une demande d’autorisationà la DDTM doit être effectuée.
- Vous devez installer un compteur d'eau, afin de suivre votre consommation et pouvoir renseigner la police de l'eau en cas de contrôle.
Important : vous devez maintenir dans le cours d’eau, en aval de votre prélèvement, un débit suffisant pour garantir en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces présentes.
En ce qui concerne l'aménagement :
- Mesurer le dénivelé pour calculer la perte de pression (1 bar tous les 10 mètres de dénivelé) ;
- Prévoir un abri pour la pompe et le filtre.
4. Captage d'une source superficielle
- Si la source est privée et n’est pas à liée à un cours d’eau, le propriétaire de la parcelle peut l’utiliser sans déclaration ;
- Si la source est liée à un cours d’eau, la règlementation du pompage en rivière s’applique ;
- Mettre en défens la source pour éviter toute contamination par des déjections animales.
Existe t-il des aides pour financer mon projet ?
Avec le dispositif ErrekAgri, la Communauté Pays Basque finance des projets de préservation des cours d'eau jusqu’à 15 000 € d'investissements.
Découvrir le dispositif ErrekAgri
Des aides sont également proposées ponctuellement dans le cadre d'appels à projets par la Région Nouvelle Aquitaine ou France Agrimer.
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