Gazteek diote, un appel à projets pour et par les jeunes

L’ambiance est studieuse. Ici, tout se décide de manière collégiale. Bienvenue au sein du jury participatif de Gazteek diote, le nouvel appel à projets de la Communauté Pays Basque qui favorise l’implication des jeunes en montagne basque. Ce soir de novembre, au sein de la Maison de la Communauté Pays Basque de Saint-Jean-le-Vieux, dix membres de la Commission Montagne et cinq jeunes étudient une trentaine de dossiers portés par des jeunes pour des jeunes de Soule, de Basse-Navarre et du Labourd.

À 23 ans, Enzo Dufourcet de Saint-Pée-sur-Nivelle en fait partie. L’environnement lui tient à cœur. Il est passionné de montagne, de patrimoine naturel, comme le prouve son travail de gestionnaire de la montagne et de la Corniche à la Ville d’Urrugne. « Ici, c’est sur un territoire bien plus large de 111 communes que nous travaillons à soutenir des initiatives en faveur des jeunes », glisse-t-il. « Très intéressé par la création du Parc Naturel Régional porté par la Communauté Pays Basque », il aimerait que « les jeunes comprennent le rôle des institutions comme la Communauté d’Agglomération qui veillent au devenir de ce pays, et donc aux conditions de vie des jeunes ».  

« Ramène ton jeune »

Ce soir-là, Petti Galant, 24 ans de Barcus a quitté sa ferme familiale pour rejoindre l’assemblée. Il est entré dans cette aventure convié par Mattin Arhancet, élu de Tardets et ancien agriculteur. Car c’était-là l’une des originalités de cet appel à projets, le fait que des élus convient des jeunes de leur village à les rejoindre pour participer à l’élaboration de Gazteek Diote. Le slogan était tout trouvé : « Ramène ton jeune ». 
Forcément, les sujets liés à l’agriculture, à la vie des jeunes paysans ont touché ces deux Souletins, dans un échange constructif. La valorisation de la langue basque également, une préoccupation partagée par Joanes Curutchague, 27 ans, de Mendionde, sollicité par le maire Hervé Damestoy. « Je suis très attaché à ma langue, à cette culture basque que l’on essaie de maintenir au mieux, précise le jeune homme, déjà engagé dans le monde associatif : danseur au sein du groupe Urtsuko Xoriak et ancien président du comité des fêtes de son village. Il se dit « heureux qu’on lui donne ici des responsabilités dans le choix de projets utiles à la vie des jeunes en montagne basque, et ayant des retombées économiques pour le territoire ». Une notion importante pour ce jeune artisan-carreleur à son compte.

« Avoir notre mot à dire »

« Ce qui me plaît, c’est que l’on implique les jeunes dans les décisions importantes, que l’on puisse avoir notre mot à dire sur ce qui touche à notre avenir », appuie Margot Thomas, 23 ans, de Saint-Jean-Pied-de-Port, assistante d’éducation au collège de Baigorri. Elle n’est pas là par hasard. Elle est déjà fortement impliquée dans la vie publique, dans l’organisation, par exemple, de fêtes de son village. « C’est ce que j’aime : l’organisation, la planification et la gestion de projets », confie-t-elle. Parmi les dossiers étudiés, elle porte une attention particulière à « ceux privilégiant la transmission entre les anciens et les jeunes générations ». Un argument qui touche Battit Laborde, Conseiller délégué Montagne basque au sein de la Communauté d’agglomération et maire de Sare, pour qui l’essentiel de l’initiative menée par la Commission Montagne relève d’une « passation » : « Nous sommes en quelque sorte des passeurs de témoins, pour que les jeunes s’investissent dans la vie de leurs villes et leurs villages, aux côtés de nous-mêmes, élus, qui avons à cœur d’impulser des initiatives. Cette Commission Montagne est très active, œuvre en mode participatif, de manière très collégiale et avec l’implication de ces jeunes de 20-30 ans, c’est très enrichissant. » « Nous avons eu jusqu’à trente jeunes impliqués pour construire cet appel à projets, souligne-t-il. Et tous ont leur idée bien arrêtée sur le devenir de la montagne basque et sur ce qui sera bénéfique pour les jeunes de leur génération. Car n’oublions pas que ce sont eux qui prendront la relève dans les entreprises, les associations, à la tête de nos mairies pour gérer les services publics de leur Pays basque. » Et de se réjouir : « À ma table, c’est Petti qui a donné le tempo sur chaque dossier étudié. Ce jeune Souletin savait exactement ce qu’il voulait. » À terme, Battit Laborde espère que ce travail collaboratif et intergénérationnel fera des émules.