Mini-série de l'été épisode 3 : l’assainissement, ce géant méconnu
Chaque année, la Communauté Pays Basque traite près de 27 millions de mètres cubes d'eaux usées, l'équivalent de 30 piscines olympiques par jour ! Dans ce nouvel épisode, nous plongeons au coeur du système d'assainissement pour mieux comprendre comment travaillent les équipes en charge de l'entretien et de la rénovation des réseaux et montrer l'ampleur des défis auxquels le territoire est confronté.
Mise à jour : 6 décembre 2024
Qualité de l'eau au Pays Basque : découvrir tous les épisodes de notre mini-série
Dans le précédent épisode, nous sommes allés à la rencontre des équipes de terrain qui surveillent chaque été les eaux de baignade pour protéger la santé des usagers. Nous remontons aujourd’hui le fil de l’eau pour comprendre d’où proviennent les pollutions et comment elles sont traitées.
Collectif et non collectif
La préservation de la qualité de l’eau est une équation à plusieurs facteurs. La partie la plus visible et sans doute la plus connue concerne le traitement des eaux usées. « Il y a les eaux noires qui viennent de nos sanitaires et les eaux dites grises que l’on utilise pour la lessive, la douche, la cuisine », explique Emmanuel Vivier, directeur exploitation « Eaux et Assainissement » de la Communauté Pays Basque. Pour traiter ces eaux sales, il existe deux moyens, « soit le particulier est relié au réseau public (NDRL : on parle d’assainissement collectif), soit il n’est pas desservi et il doit être équipé d’un système d’assainissement autonome ».
30 piscines olympiques par jour
Dans le détail, les chiffres permettent de mieux comprendre l’ampleur de la mission qu’assurent au quotidien les agents de l’Agglomération. Sur les 330 000 habitants du Pays Basque, 275 000 sont raccordés au réseau collectif (83%). Il faut 1 900 kilomètres de canalisations (3 fois la distance entre Paris et Biarritz) et 117 stations d’épuration pour collecter et traiter toutes les eaux usées du territoire. En moyenne, ce sont plus de 27 millions de mètres cube d’eaux sales qui sont dépolluées chaque année, l’équivalent de 30 piscines olympiques par jour ! A cela, s’ajoutent les quelques 24 000 installations d’assainissement de particuliers que la collectivité a pour charge de contrôler et d’homologuer.
Gérer les fortes pluies
La Communauté Pays Basque a consacré près de 23 millions d’euros en 2023 pour faire fonctionner et améliorer ses équipements en termes d'assainissement. Toutes activités confondues, l’eau représente près des 2/3 des investissements de la collectivité. « Aujourd’hui, nos infrastructures sont globalement en bon état », explique Thierry Patouille, directeur Général « Eau, Littoral et Milieux Naturels » de la Communauté Pays Basque. « Par temps clair, nous savons parfaitement traiter les eaux usées qui arrivent en station, même en pic d’été. Ce sur quoi nous concentrons nos efforts, c’est sur la gestion des gros volumes d’eau qui arrivent lors de fortes pluies ». Dans le jargon technique, on appelle cela « les eaux claires parasites ». Ce sont toutes les eaux de pluie, de nappes souterraines mais parfois même des déversements dûs à des mauvais branchements de particuliers qui rejoignent le réseau des eaux usées et peuvent l'emmener à saturation.
Un travail au long cours
Empêcher ces infiltrations exige un travail au long cours. Il faut curer, laver et sécuriser des kilomètres de canalisations. En 2023, plus de 240 kilomètres de conduites ont été nettoyés et 12,5 kilomètres de réseau ont été renouvelés. « Lorsque l’on rénove les réseaux, nous passons majoritairement sur du séparatif », précise Thierry Patouille. « Cela permet de dissocier les eaux usées et les eaux pluviales et donc de limiter l’impact des épisodes pluvieux sur nos stations ». « Nous construisons aussi des bassins de rétention en amont des stations pour stocker les surverses d’eau ». Il en existe aujourd’hui 139 sur tout le territoire. Certains ouvrages, comme celui situé sous la Grande Plage de Biarritz, peuvent mesurer jusqu’à 12 mètres de haut et stocker 10 000 m3 d’eau chacun, l’équivalent de plus de 5 piscines olympiques !
Retenir la goutte d’eau
« Mais il ne faut pas laisser croire qu’on pourra créer un système parfait qui sera capable de retenir toute l’eau qui tombe du ciel », confesse Thierry Patouille. A l’avenir, le Pays Basque va devoir faire face à des épisodes de pluie toujours plus intenses. « L’enjeu aujourd’hui, c’est de permettre à la goutte d’eau de s’infiltrer au plus près de là où elle tombe ». Cette stratégie a de multiples vertus. Elle évite de saturer les réseaux de collecte, permet de recharger les nappes phréatiques et empêche aussi le ruissellement des pluies qui souillent les cours d’eau. Au Pays Basque, de nouvelles règlementations se mettent en place progressivement pour obliger les particuliers à compenser la perte de terrain artificialisé lorsqu’ils construisent, notamment dans les zones les plus denses. C'est ce que l'on apelle les zonages pluviaux. Les villes et les territoires, eux aussi, s'adaptent. Les nouveaux aménagements urbains donnent aujourd'hui davantage de place au végétal plutôt qu'au minéral. A Bayonne, un permis de végétaliser à même été ouvert aux habitants pour reverdir les espaces publics. Ces initiatives dessinent le visage d'un Pays Basque qui se réinvente et cherche partout des solutions nouvelles pour préserver l'eau et l'environnement.
Dans les prochains épisodes
Nous montrerons des exemples concrets et inspirants d'acteurs engagés localement pour la défense de la qualité de l'eau. Associations, agriculteurs, collectivités, chacun prend aujourd'hui sa part dans ce défi collectif, au bénéfice des générations futures.
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