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11 avril 2025

Message d'alerte
Le plafond de verre est une réalité à laquelle la plupart des femmes sont un jour confrontée. Une sorte de barrière invisible et inconsciente qui freine leur carrière et les empêche d'accéder aux plus hautes fonctions. Pour la militante Elisabeth Charriau, qui a été de tous les combats féministes au Pays Basque depuis près de 30 ans, l’expression révèle en réalité un système de pensées patriarcal encore profondément ancré dans nos sociétés. Elle appelle à un sursaut collectif.
Mise à jour : 3 mars 2025
L’expression « plafond de verre » est apparue dans les années 70 aux États-Unis. A travers ce concept, la défenseuse féministe Marilyn Loden voulait décrire les obstacles invisibles qui, malgré les droits réels acquis, empêchaient toujours les femmes d’accéder aux plus hautes sphères de la société. Pour Elisabeth Charriau, ancienne psychologue à l’hôpital de Bayonne et engagée depuis près de 30 ans sur ces questions, notamment au sein du collectif EBA et du Conseil de développement, « cet empêchement est une construction sociale qui fonctionne depuis des siècles et qui est loin d’avoir disparue ! ».
Une réalité bien visible
Il suffit de regarder les chiffres pour s’en convaincre. En France, les femmes représentent près de 49% de la population active mais seulement 12% des fonctions de direction dans les petites et moyennes entreprises. A cela, s’ajoutent des disparités salariales encore importantes. Les travailleuses occupent les postes avec le moins de responsabilités alors qu’elles sont pourtant plus diplômées que leurs homologues masculins aujourd’hui. La sphère politique n’échappe pas à la règle. Malgré des progrès notables, notamment dus aux obligations de parité, le pouvoir reste encore majoritairement l’apanage des hommes. Les femmes ne sont que 20 % à diriger une commune en France et moins d’un tiers à la tête d’une région.
Un problème de représentation sociale
Pour Elisabeth Charriau, c’est tout un système qu’il faut déconstruire. « Le problème est profond. Il est lié à nos représentations sociales », décrit-elle. « Le patriarcat en lien avec le capitalisme nous incitent à être les plus forts. Et dans l’imaginaire collectif et l’éducation qu’on nous inculque, ce sont les garçons qui dominent, pas les filles. » Sortir de ces schémas ne se fera pas naturellement. Le combat pour l’égalité passe, selon elle, par une action déterminée des pouvoirs publics. La France a déjà adopté de nombreuses mesures coercitives en la matière. Dans le champ politique, au sein de la fonction publique mais aussi dans le monde de l’entreprise, la loi impose des règles pour tendre vers davantage de parité.
Rester optimistes !
Pour l’activiste, les dispositifs mis en place sont l’arbre qui cache la forêt. « Les obligations sont toujours assorties de conditions », regrette-t-elle, en citant comme exemple la règlementation sur les listes paritaires aux élections locales qui ne s’adresse pas aux municipalités de moins de 1000 habitants. « Au Pays Basque, si les 118 communes (NDRL : sur 158) qui ne sont pas concernées par la loi l’appliquaient volontairement, cela changerait la donne. » Une insuffisance des textes qui se retrouve aussi dans le secteur économique où seules les entreprises de plus de 500 salariés sont tenues d’inclure un quota de femmes de 40% au sein des conseils d’administration et de surveillance.
Mais le combat n’est pas perdu, veut croire Elisabeth Charriau. La sexagénaire, qui rêve que son territoire puisse donner l’exemple, voit progressivement les mentalités évoluer. « Même si elle n’en a pas la compétence, la Communauté d’Agglomération Pays Basque a choisi de se saisir de ce sujet. » Depuis quatre ans, une commission Egalité Femmes-Hommes réunit des personnalités de différents domaines pour débattre de ces questions et trouver des solutions localement. Le groupe de travail, en lien avec le Conseil de développement, a par exemple édité un guide à l’attention des communes pour les aider à mettre en œuvre des politiques plus égalitaires. « Et elles sont de plus en plus nombreuses à se mobiliser », constate avec plaisir Elisabeth Charriau qui veut voir dans ce regain d’engagement un message d’espoir pour les générations futures.
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