Mini-série de l'été épisode 6 : Un défi en commun

Dans ce nouvel épisode, nous nous intéressons aux politiques de l'eau et aux défis auxquels le territoire est confronté. Nous sommes allés interroger Caroline Sarrade, en charge de la direction « Littoral et milieux naturels », pour mieux comprendre le travail que mène la Communauté Pays Basque avec ses partenaires.

Publié le 02-09-2024

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Qualité de l'eau au Pays Basque : découvrir tous les épisodes de notre mini-série

 

Dans les précédents épisodes, nous avons pu voir à quel point l'enjeu de la qualité de l'eau est complexe et appelait un engagement collectif, en plus de l'action des pouvoirs publics. Lorsqu'elle s'est constituée en 2017, la Communauté Pays Basque s'est dotée d'une compétence globale de gestion de l'eau et des milieux aquatiques pour pouvoir porter une action coordonnée et efficace sur tout le territoire avec l'ensemble des acteurs. Mais comment se fait concrètement ce travail ? Quels sont les défis à relever dans les prochaines décennies ? Pour poursuivre ce dossier et dessiner les contours du Pays Basque de demain, nous sommes allés interroger Caroline Sarrade, directrice « Littoral et Milieux naturels » à l'Agglomération Pays Basque.

 

Bonjour Caroline, avant d'aborder plus précisément les enjeux de la qualité de l'eau, pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein de la Communauté d’Agglomération Pays Basque ?

Oui, j’ai la charge de la direction « Littoral et Milieux Naturels ». Je dirige une équipe de 14 personnes. Sur le volet qualité de l’eau, notre mission consiste à veiller à la bonne qualité des masses d’eau et des milieux aquatiques. Nous travaillons à l'échelle des bassins versants, c'est-à-dire non seulement des eaux littorales mais aussi de tous les cours d'eau en amont. Ce lien terre/mer est très important pour traiter efficacement les problèmes de qualité de l'eau car tous les milieux sont interdépendants. Concrètement, nous intervenons à deux niveaux. Le premier niveau porte sur la surveillance de la qualité des cours d'eau. Pour cela, nous avons mis en place un dispositif de 90 stations de mesure sur l’ensemble des rivières du Pays Basque. Le second, c’est un rôle de vigie. Via le site Internet de la Communauté Pays Basque, chaque citoyen peut signaler une pollution. Lorsqu’un incident nous est remonté, nous allons faire la constatation sur le terrain, nous essayons d’identifier la source de la pollution et de la traiter. Enfin, nous participons à de nombreux projets de recherche, sous l’égide du Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) Littoral basque, afin de tenter de mieux comprendre les phénomènes nouveaux, comme les algues marines ou les pollutions chimiques.

En quoi la constitution de la Communauté Pays Basque a changé la manière de traiter la question de la qualité de l'eau ?

La force de frappe de l'Agglo nous permet d'amplifier les actions. Depuis 2017, nous avons doublé le nombre de stations de mesure (NDRL : le réseau compte 142 stations dont 90 sont suivies directement par la Communauté Pays Basque). Nous avons aussi aligné nos méthodes d'analyse pour disposer de données homogènes sur tout le Pays Basque. Cette meilleure connaissance du territoire est un outil précieux d’aide à la décision pour conduire plus efficacement nos politiques publiques et flécher les investissements là où ils sont les plus nécessaires. Je pense, par exemple, aux projets engagés sur tout le réseau d'assainissement et la modernisation de nos stations d'épuration. Nous allons cibler en priorité les zones à enjeux. Ce peut être le cas aussi pour déployer de nouveaux dispositifs d'aide, comme Errekagri, qui vise à préserver les cours d'eau autour des exploitations agricoles. Notre base de connaissances permet d'identifier les tronçons les plus sensibles.

Il y a beaucoup d'interrogations et de préjugés autour de la qualité de l'eau (on pense notamment aux eaux de baignade). Que peut-on dire de l'état actuel de la situation au Pays Basque ?

Évidemment, tout est toujours perfectible. Mais la situation générale au Pays Basque est plutôt bonne. Nos eaux de baignade sont toutes classées en bonne ou très bonne qualité par l’Agence Régionale de Santé. Pour ce qui est des cours d'eau, la directive européenne « Cadre sur l'eau » prend en compte à la fois l'état écologique de la rivière, c'est-à-dire la richesse et la diversité animale et végétale que l'on retrouve dans la rivière, mais aussi son état chimique. Nous analysons la concentration dans l'eau de 45 substances prioritaires comme les pesticides, les métaux lourds, hydrocarbures, etc. Sur les 5 000 kilomètres de cours d'eau que compte le Pays Basque, 60% sont classés aujourd'hui en bon ou très bon état écologique. C'est nettement mieux que la moyenne nationale qui se situe aux alentours de 43%. Vis-à-vis des polluants chimiques, nous avons encore un important travail à mener pour disposer d'une meilleure cartographie du territoire. Seulement 1/4 des rivières est suivi mais sur ces 25%, 17% sont en bon état chimique.

 

 

Justement, quels sont les défis que nous avons à relever ?

Le défi majeur qui est face à nous, c’est l’adaptation au changement climatique. Les épisodes de pluie sont de plus en plus intenses. L’eau qui ruisselle a un impact considérable sur les cours d’eau et la qualité de l’eau. Elle charrie tous les polluants qui sont sur les sols, elle affaisse les berges, elle modifie les habitats naturels et entraîne des inondations de plus en plus importantes. A l’opposé, nous constatons aussi des épisodes de sécheresse de plus en plus aigus avec des niveaux d’étiage (NDRL : plus bas niveau d’une rivière) qui diminuent d’années en années ce qui crée une tension sur la ressource mais a aussi des impacts directs sur la biodiversité. L’autre défi, c’est la prise en compte des polluants chimiques. C’est un sujet plus compliqué à appréhender. Le nombre de molécules se compte en dizaines de milliers et leurs effets sur l’homme est encore mal connu. Sur tous ces sujets, la Communauté Pays Basque est déjà très engagée ! Les 2/3 des investissements de la collectivité sont aujourd'hui consacrés à l'eau et l'assainissement. Nous modernisons nos stations d'épuration et nos réseaux, nous conduisons un vaste programme sur les économies d'eau, nous mettons en oeuvre de nouvelles règlementations pour limiter ou compenser l'artificialisation des sols, nous soutenons la transition vers des modèles agricoles durables, nous finançons aussi de nombreux projets de recherches. Nous sommes sur tous les fronts ! Mais face à des changements aussi profonds, il faut que la société toute entière se mobilise. Nous avons tous un rôle à jouer.

La Communauté Pays Basque consacre les 2/3 de ses investissements à l'eau et l'assainissement. Mais face aux changements profonds auquel nous faisons face, il faut que la société toute entière se mobilise !

Comment pouvons-nous faire pour impliquer les différentes parties prenantes, pour que chacun ait conscience de ces enjeux et agisse ?

Il existe déjà des instances de co-gestion et des documents de planification. C’est le cas des Schéma Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) qui fixent les grandes orientations pour chaque bassin versant. Ce sont ensuite les commissions locales de l’eau, des sortes de « petit parlement » auxquels participent l’État, les collectivités locales, les chambres de commerce, d’agriculture, les associations de défense de l’environnement, qui les animent et les mettent en œuvre. Pour ce qui est des grandes entreprises, la législation impose des règles strictes sur le captage de la ressource ou le rejet des eaux usées. Globalement, ces règles sont suivies. Ce que nous avons plus de mal à contrôler, ce sont les plus petites structures qui n’ont pas toujours conscience des impacts de leur activité sur l’environnement. Pour ce qui relève de l’information grand public, nous avons la chance d’avoir au Pays Basque de nombreuses associations très engagées sur ces sujets depuis longtemps. Nous nous efforçons, de notre côté, d’être le plus transparent possible, en ouvrant nos stations d’épuration ou en animant des Journées d’information sur l’eau.

Justement, si vous aviez un geste simple à conseiller pour protéger l'eau, quel serait-t-il ?

Le premier pas, c’est déjà de prendre conscience de l’impact de nos modes de vie sur l’eau. Tout ce qui arrive en mer, c’est ce que nous consommons. Ce n’est pas facile de changer des comportements lorsqu’ils sont déjà bien installés, alors je conseillerais de commencer par des actions simples comme acheter un savon, un shampoing et des produits ménagers naturels en se référant aux labels qualité comme « Ecocert ». Une autre possibilité plus économique est de les confectionner soi-même !

 

Dans les prochains épisodes...

Pour conclure notre dossier, nous recueillerons le témoignage de scientifiques qui travaillent sur les enjeux de la qualité de l'eau au Pays Basque. Ils tentent, à travers leurs recherches, de mieux comprendre les interactions entre l'homme et le vivant et d'aider à la prise de décision politique.

L'info en plus

L’application « Qualité rivière », disponible gratuitement sur l'Apple Store et sur Google Play, permet de connaître en détail le niveau de qualité des cours d’eau de France. En tapant un code postal ou le nom de la commune, une carte interactive affiche la qualité de la rivière sélectionnée à l'aide d'un code couleur.

  • Bleu signifie que le cours d'eau est en très bon état ;
  • Vert signifie que le cours d'eau est en bon état ;
  • Jaune signifie que le cours d'eau est en état moyen ;
  • Orange signifie que le cours d'eau est en état médiocre ;
  • Rouge signifie que le cours d'eau est en mauvais état ;
  • Gris signifie qu'il manque de données.

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